Des éco-délégués invités à débattre au gouvernement

Ils ont pu rencontrer le ministre de l'éducation M. Blanquer et le ministre de l'écologie M. De Rugy. Au final, peu de dialogue...

Le lycée Eugène Hénaff, labellisé E3D, mène une réflexion riche pour inscrire son fonctionnement et l’action éducative dans la mobilisation pour la transition vers une société et une politique respectueuses du vivant, de la planète et du climat. Le Club Transition du lycée est à ce titre très engagé, ayant organisé le vendredi 15 mars 2019 des échanges fructueux avec les délégué-e-s de classe et les élu-e-s au Conseil des délégué-e-s pour la Vie Lycéenne qui ont abouti à des propositions à l’échelle de l’établissement, du territoire sur lequel le lycée est implanté, au national et au-delà sinon.

Le vendredi 22 mars 2019, les éco-délégué-e-s, des élu-e-s du CVL et des délégué-e-s de classe ont participé, à l’invitation de Monsieur le Recteur, à une rencontre interministérielle à Vanves (92) à laquelle participaient Monsieur le Ministre de l’Education nationale, Monsieur le Ministre à la Transition écologique, ainsi que 3 Secrétaires d’Etat rattachés à ces ministères.

Suite à cette rencontre annoncée comme un débat, les éco-délégué-e-s ont souhaité prendre la parole ou plus exactement donner suite à la proposition de Monsieur le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Education nationale d’adresser par écrit les questions restées en suspens. Vous trouverez ci-après le courrier qu’ils-elles ont rédigé :

"Nous sommes les éco-délégués du lycée Hénaff de Bagnolet. Dans le lycée, nous sommes chargés de sensibiliser les autres aux questions écologiques. Nous nous sommes portés volontaires au début de l’année pour cette mission. Nous débattons et nous cherchons des alternatives pour réduire le réchauffement climatique d’un point de vue local, voire régional, et justement faire la « Transition ». Par exemple nous voulons organiser un référendum sur la diminution de la viande à la cantine.

Nous avons aussi créé une ressourcerie de fournitures scolaires pour les élèves pour éviter la surconsommation. Notre lycée s’est engagé dans de très nombreux projets. Par exemple, pour le 15 mars nous avons réuni les délégués de toutes les classes de notre lycée ainsi que les délégués du Conseil de Vie lycéenne pour organiser un débat sur l’écologie. Une chaîne de télévision (France 5) est venue nous filmer et nous supposons que c’est pour cela que notre lycée a été choisi pour participer à un débat avec des ministres la semaine suivante.

Nous étions tous flattés d’être ainsi invités à rencontrer des personnes si haut placées. Nous étions aussi curieux de rencontrer des journalistes, et aussi d’échanger avec des camarades d’autres académies, comme celle de Bordeaux. Bien que prévenus la veille, nous avons pu préparer les questions que nous avons posées aux ministres. Mais pour notre question, que nous avons pourtant répétée deux fois et qui portait sur les grands projets d’aménagements et en particulier sur la forêt de Romainville qui est juste à côté de notre lycée, nous n’avons pas eu de réponse. Et nous n’avons pas été les seuls dans ce cas : beaucoup de questions des autres élèves sont restées sans réponse. Etaient-elles trop sensibles pour l’image de l’Etat ? On nous a promis le changement, la mise en œuvre d’actions, de réunions à ce sujet, la détermination de l’Etat pour faire changer les choses mais au fond nous n’avons aucun fait concret le prouvant.

La parole a souvent été monopolisée par les secrétaires d’Etat et les ministres, nous laissant un temps de parole court. Il nous a semblé que la parole revenait souvent aux mêmes personnes. Pendant ce débat, nous ne nous sommes pas sentis écoutés et à la fin nous étions en colère, choqués de ce que nous ressentons comme un manque de considération de leur part. Pour dire les choses clairement, tout cela avait plus l’air d’une conférence que d’un débat.

Monsieur Attal qui animait le débat nous a encouragés à poser par écrit les questions qui nous restaient. C’est pourquoi nous écrivons ce texte aujourd’hui, car nous voulons vraiment une réponse. Pourquoi l’Etat finance-t-il et encourage-t-il des projets qui vont à l’encontre des engagements qu’il affirme en faveur de l’écologie ? On nous apprend que la reforestation est la meilleure solution contre le réchauffement climatique mais à Romainville 700 arbres ont été coupés pour construire à la place une base de loisirs ! En Guyane, l’Etat soutient le projet Montagne d’Or, qui va lui aussi entraîner une très forte déforestation. A Gonesse, l’Etat a soutenu le projet Europa City qui menaçait des terres agricoles pour construire une zone commerciale alors qu’on a besoin de ces terres pour relocaliser l’agriculture. A Strasbourg, l’Etat soutient un projet d’autoroute (le GCO) alors qu’il faudrait réduire l’usage de la voiture.

Nous souhaitons que nos ministres nous répondent car nous ne comprenons pas ces paradoxes.

Les éco-délégué-e-s du lycée Eugène Hénaff, Bagnolet"


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